Santé et migrants

Politique de santé en faveur des migrants : enjeux et défis

Jérôme SalomonMagali GuéganJulie Bouscaillou

Lorsqu’on aborde la question des migrations, notre devoir collectif est de le faire positivement, en cherchant à toujours mieux identifier les enjeux et les besoins, et y répondre. C’est aussi notre système de santé. qu’il a fallu interroger, car les flux migratoires ne sont pas temporaires.

Nos sociétés sont en effet celles de la mobilité des personnes, des migrations souhaitées mais aussi des migrations subies, aujourd’hui pour cause de guerre, demain aussi probablement pour des raisons climatiques.

Nous avons donc devant nous des enjeux bien plus larges, composante à part entière de nos principes en santé publique, ceux de la dignité, de l’humanité.

Les règles des maladies infectieuses, s’appliquent à l’ensemble des problèmes de santé rencontrés par les migrants, et sont globalement semblables à ceux de la population générale, avec au premier plan des maladies chroniques non transmissibles.

Certaines spécificités doivent également être prises en compte, comme celles du sur risque de psychotraumatisme parmi les primo-arrivants en France, ou encore de plus fortes probabilités pour les femmes immigrées d’avoir été victimes de violences.

Mais, à l’inverse, n’oublions pas également que nombre de migrants possèdent aussi des ressources qui doivent être prises en compte dans nos réponses : jeune âge, grande adaptabilité, support par la diaspora, etc.

Concrètement, la réponse à ces enjeux doit combiner plusieurs approches : renforcer l’accessibilité des migrants à tous les dispositifs de droit commun, rapprocher l’offre de prévention et de soins des personnes, développer lorsque cela est nécessaire des actions ciblées pour faire face à certaines situations, et bien sûr prendre en compte l’environnement en intégrant la santé à toutes les politiques.

Rendre accessible et mobiliser le dispositif de droit commun pour la santé des migrants. Dans une idée d’universalisme, la mobilisation de tous les dispositifs de droit commun pour la santé des migrants est la base de notre stratégie. C’est le message clé qui est porté par le ministère de la Santé et les agences régionales de santé, mobilisés autour de la construction de parcours de santé adaptés aux migrants sur les territoires, lancée en 2018.

La mobilisation de tous les professionnels et établissements de santé implique de leur fournir les outils indispensables à la prise en charge des migrants. Le développement de l’accès à l’interprétariat sanitaire est par exemple un chantier central. Il doit devenir structurel dans notre système de santé. D’autres efforts doivent porter sur l’accompagnement des professionnels, y compris en ville, par des outils, des formations adaptées, et par des liens renforcés avec les acteurs du secteur social.

La mobilisation du droit commun ne dispense pas évidemment d’interventions spécifiques pour rapprocher les personnes de tous ces dispositifs, pour ouvrir des portes d’entrée dans le système de santé. D’abord, une information appropriée, multilingue, est essentielle pour permettre aux usagers de mieux se repérer dans le système de santé.

Elle doit être transmise par les bons vecteurs. Les associations et les médiateurs de santé sont des acteurs incontournables pour faire le lien avec les publics les moins visibles. C’est ce que nous faisons au travers de soutien aux associations qui interviennent auprès des migrants, mais aussi par les outils multilingues diffusés notamment par Santé publique France.

De même, les permanences d’accès aux soins de santé (Pass), qui ne sont pas réservées aux migrants, sont également des passerelles indispensables avec le système de santé. La mise en place d’un rendez-vous santé bénéficiant à l’ensemble des personnes nouvellement arrivées sur le territoire est aussi une priorité.

Ce rendez-vous, avec un ou plusieurs professionnels de santé, doit permettre de réaliser une première consultation et les dépistages recommandés, et d’orienter les personnes pour un suivi adapté. Il s’organise sur chaque territoire en fonction de l’offre de soins locale.

En complément du droit commun, des équipes de santé dédiées aux migrants sont parfois nécessaires. Certaines situations exceptionnelles nécessitent des réponses sur mesure : campements, mises à l’abri en urgence, zones frontalières.

De plus, le recours à des associations spécialisées est indispensable pour certaines prises en charge pour lesquelles l’expertise n’est pas courante, pour la prise en charge des psychotraumatismes par exemple.

Pour terminer, et le contexte du coronavirus est très parlant sur ce point, l’offre de soins et le système de santé ne peuvent pas répondre à eux seuls aux enjeux de santé. L’environnement social et les conditions de vies jouent un rôle prépondérant dans l’état de santé des personnes.

C’est pourquoi tous les leviers doivent être mobilisés pour construire des coopérations, des ponts entre tous les secteurs, l’école, l’enseignement supérieur, l’emploi, le logement, les collectivités, et bien sûr les acteurs de l’asile et de l’intégration, avec un engagement de toutes les politiques publiques pour des environnements favorables à la santé et pour la réduction des inégalités.

Tiré de 

Couverture de la revue

Actualité et dossier en santé publique n° 111
Santé des migrants (octobre 2020)

S'inscrire à la newsletter

Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer notre lettre d’information ainsi que des informations concernant nos activités. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans chacun de nos mails.

Accueil des stagiaires en situation de handicap

Afin de déterminer ensemble les besoins spécifiques d’adaptation sur le plan pédagogique, matériel ou organisationnel, permettant de garantir le bon déroulement du parcours pédagogique, contactez notre référente handicap : Mme Lone Jensen – accueilhandicap@fide-formation.org– 01.48.09.92.84

FIDE Copyright 2020

Une recherche précise ?